BREVET RANDONNEURS MONDIAUX : 400 km de Longjumeau
MA PREMIÈRE NUIT EN VÉLO !
SAMEDI 5 ET DIMANCHE 6 JUIN 2010
Pour accomplir cette nouvelle randonnée, deux inconnues pour moi : la première, rouler pendant 410 km en une seule étape, et la deuxième, tenir toute une nuit sur un vélo!
Rendez-vous est pris. C'est Pascal Leclercq qui me conduit au Stade Langrenais à Longjumeau. Yves Feuilloy et Marius seront de la partie.
Il faut préciser que dans un B.R.M., mis à part un petit en-cas au départ et à l'arrivée, convivialité minimum, il n'y a aucun ravitaillement d'organisé et aucun fléchage de prévu tout au long du parcours (là, j'ai une pensée pour certains au club, qui même avec un fléchage... !).
Après avoir vérifié que nos vélos sont bien équipés des feux avant et arrière et que nous avons tous un gilet de sécurité obligatoire réfléchissant, c'est le départ avec Pascal, ce samedi 5 Juin à 16h00. Le soleil brille, même un peu trop, le thermomètre affiche 28°.
Yves, lui, ne sera là qu'à 16h10, en vieux briscard de ce genre de randonnée il peut se permettre d'arriver au dernier moment, le « stress » de la nouveauté l'a quitté depuis longtemps.
La côte de Saulx-les-Chartreux sera avalée à petite vitesse, puis dans la foulée, celle de Villejust, redescente dans la Folie-Bessin et remontée sur le plateau par le Déluge, déjà trois côtes en guise de hors d'½uvre (j'en vois qui déjà, même en lisant, sont déjà fatigués !).
La suite c'est tout droit jusqu'à St-Cyr-sous-Dourdan, après avoir traversé la Roncière, l'Etoile, le Marais, le Val-St-Germain.
On oblique sur le Sud-Ouest pour rejoindre Dourdan. A la sortie des agglomérations il y a toujours un peu d'hésitations : au dernier rond point le peloton s'arrête, deux solutions se présentent : je m'engage dans une montée en suivant un cyclo équipé d'une carte et en me fiant à mon road book personnel, direction la Grange-aux-Bois. Erreur fatale, en me retournant arrivé sur le plateau, j'ai la mauvaise surprise de constater que nous ne sommes plus que quatre, et bien sûr sans Pascal, le périple commence mal. Je continue donc en suivant mon nouveau guide. D'après lui nous sommes sur une route parallèle et nous rattraperons le bon circuit à Garancière. C'est ce qui se passe, mais toujours pas de Pascal. J'hésite un peu, connaissant la vélocité de mon coéquipier, je pense fortement qu'il est devant, mais le doute me tenaille. A Sainville, quelques cyclos font une halte réparatrice à l'ombre des arbres de la place du village, j'en profite pour quitter mon petit groupe et attendre un peu au cas où.
Plusieurs groupes passent devant moi sans résultat ! Je reprends ma route et évidemment seul, le vent de trois quart arrière m'aide à tenir une bonne cadence autour de 28 km/h sans entamer ma réserve. Je rattrape un cycliste esseulé qui me suit, puis nous revenons sur deux autres. Quelques mètres plus loin, sans le vouloir, j'ai semé la compagnie. Je me retrouve tout seul et commence à gamberger sur la suite à venir éventuelle, peu rassurante, car je comptais bien sur mes potes jaunes et verts pour rouler une première fois la nuit. Plongé dans mes réflexions hypothétiques je suis surpris par deux Montgeronnais qui me rattrapent. Je profite de l'aubaine et saute dans leurs roues tout heureux de retrouver de la compagnie. Leur cadence est légèrement supérieure à celle que je m'étais programmée seul mais à trois je peux rester avec eux et même prendre des relais. J'ai une pensée pour Maryan et Yvette quand on passe près de Voves, une bretelle de déviation rapide nous fait éviter le centre du bourg. Vu la chaleur on boit beaucoup et on commence à manquer d'eau. La chasse à la fontaine commence. Nous nous arrêtons près d'un agriculteur en train de remplir la citerne de son tracteur. Nous lui tendons nos bidons et il nous fait sympathiquement le plein. Nous lui racontons notre aventure, il est assez admiratif, merci Monsieur et au revoir. A Rouvray-St- Florentin en traversant le village je trouve Michel Grousset, le président du Perreux accompagnés de quatre fidèles lieutenants, déjà salués au départ, qui sortent d'un bar. Je m'arrête et abandonne mes deux compagnons. Ils n'ont pas vus de Brévannais depuis Dourdan ! Je continuerai avec eux. Quelques kilomètres plus loin, deux cyclistes sont arrêtés sur le bord de la route. Nous ralentissons, ce sont mes deux anciens compagnons, le grand à lunettes est assis sur l'herbe et se tient le ventre : après avoir bu un peu d'eau de son bidon, il a eu subitement un problème gastrique et il n'est pas très bien, il y a peut-être un lien avec l'eau que l'on vient de récupérer, moi ça va. J'ai également bu cette eau, et je lui ai effectivement trouvé un goût bizarre ! Je jette son contenu par sécurité. Nous laissons notre malade récupérer un peu et nous arrivons à Logron, lieu où l'on doit effectuer notre premier pointage officiel et obligatoire, il est 20h40 et 113 km sont couverts.
Au départ on nous avait informé que le restaurant nous accueillerait en ne nous proposant qu'une restauration légère et des boissons, bien qu'organisateur d'un mariage. Je commande un demi bien frais, fais remplir mon bidon avec un peu de menthe et m'installe sur la terrasse pour avaler les provisions que m'avait préparé amoureusement Michèle. Les Péreuxiens s'attablent à l'intérieur pour dévorer une pizza. Les Montgeronnais arrivent, le malade roulera jusqu'à Châteaudun et se reposera dans une chambre d'hôtel pour récupérer. Après avoir avalé un coca et passé un coup de fil à Michèle je commence à me préparer pour reprendre la route.
Mais agréable surprise, je vois déboucher de l'angle du carrefour, Pascal, Yves et Marius. Ouf ! Je suis soulagé. Retardé par une crevaison de Marius, rattrapé par Yves, ils se sont arrêtés à Bonneval pour reprendre des forces. Un rapide coup de tampon et nous repartons tous les trois avec les quatre Péreuxiens et quelques autres esseulés, Marius est reparti un peu avant avec un groupe d'Orléans, il est 21 h 20.
Nous empruntons le D955 jusqu'à Châteaudun où nous passons au pied de son magnifique château, puis la D924. On allume les bougies, la nuit est douce et claire. Depuis Logron, nous roulerons près de soixante dix kilomètres en ligne droite.
Nous arrivons au deuxième pointage obligatoire, dans les faubourgs de Blois. Tous les cyclos se jettent sur un Mac Do pour le coup de tampon. Il est minuit et le gérant, fort sympathique, nous informe que toutes ses caisses étant fermées, il ne pourra rien nous servir. Il nous validera quand même nos cartons et nous remplira nos bidons. Nous le remercions pour sa gentillesse. Michel Grousset nous propose de faire une halte dans le centre de Blois, ce qui fût fait, dans un bistrot branché du centre ville. En face regroupement de « djeunes » avant la saturday night fever. Traversant le centre ville, un cyclo du Perreux se plaint d'une attente exagérément longue à un feux rouge : vous êtes devant le château de François 1er, nous expliquent des jeunes, vitres baissées, coude à la portière, l'attente est prolongée exprès pour que les touristes aient le temps d'admirer cet édifice et ils nous demandent d'expliquer notre périple. En effet la façade décorée et éclairée de mille feux étincelle devant nous, et nous offre un beau spectacle de lumière, gratuit, bonne idée Messieurs de la municipalité blésoise!
Nous traversons la forêt de Chambord où la fraîcheur nous invite à revêtir le coupe vent. Encore un grand bout de droit de soixante kilomètres tout au long de cette D923, pour traverser Villesavin (coucou James), Bracieux où Yves pour rompre la monotonie crève de la roue arrière en passant dans un trou (la nuit c'est le risque), Neuvy, délimitant la mi-parcours, Neug-sur-Beuvron, la Ferté-Beauharnais pour arriver à la Motte-Beuvron.
La nuit se passe bien, contrairement à mes craintes la fraîcheur me teint bien éveillé et je ne ressens pas vraiment de fatigue particulière, tout va pour le mieux à part que j'ai un sac à dos trop lourd avec des ficelles qui me cisaillent les épaules et j'ai mal un peu aux fesses ce qui m'oblige à rouler souvent en danseuse. La visibilité est acceptable, mon éclairage est suffisant et avec une dizaine de vélos et une nuit relativement claire nous voyons où nous mettons les roues. Pascal, Yves et d'autres habitués nocturnes ont un équipement beaucoup mieux adapté et plus efficace que le mien. Inconvénient où avantage on ne voit pas le compteur. Il faut attendre la traversée d'une agglomération et profiter de l'éclairage d'un réverbère pour faire le point !
Une petite route, beaucoup plus agréable en passant par Vouzon et Sennely nous conduit au terme de notre troisième pointage obligatoire à Vannes-sur-Cosson, il est 5h40, nous sommes au 270ème kilomètre ! Alors me dirait-vous, comment pointe-t-on en plein milieu d'un petit village à cette heure on ne peut plus matinale quand toute la population est endormie ? Eh bien au départ on nous remet quelques cartes postales pré-adressées que nous postons, le cachet de la poste faisant foi, en n'oubliant pas de mentionner son nom et son numéro de participant. Ne pas oublier non plus, un stylo et des timbres. C'est tout simple il suffisait d'y penser.
Au redémarrage nous abandonnons nos amis du Perreux, moins prompt à remonter sur leurs machines et nous suivrons un moment quatre vélos couchés, qui nous larguerons très vite. La remontée sur le Nord s'effectue sur des petites routes agréables. Vers 5h du mat les oiseaux se réveillent et nous accompagnent en nous encourageant du bec. C'est le retour du jour et de la clarté. Le soleil vient de se lever, je cherche, vainement l'ami « Ricoré » !
A Jargeau nous refranchissons la Loire déjà traversée à Blois. Trainou, Loury, Neuville-aux-Bois et nous atteignons le quatrième contrôle à Bazoches-les-Galérandes. Le boulanger et le charcutier sont des commerçants qui se lèvent de bonne heure contrairement au bistrotier du coin, qui n'ouvrira son estaminet qu'à 8h30, il est 8h00, 320ème kilomètre et c'est la boulangère qui, après nous avoir vendu un petit pain au chocolat, nous donnera le coup de tampon. Outarville, Erceville, Adonville, nous atteignons Angerville (c'est tout en « ville » ici !). Après avoir demandé notre route nous quittons Angerville. Le ciel est devenu subitement noir et le temps d'enfiler les protections et de mettre sous plastique tout ce qui craint la pluie nous essuyons un orage carabiné, avec vent latéral de nord ouest accompagné de grêlons. Les trois autres cyclos sortant du centre ville ayant pris leur petit déjeuner, nous précèdent dans la tourmente. L'allure, vélo appuyé contre le vent est très faible avec seulement 15 km/h. Avec Pascal on met la tête dans le guidon et pendant dix kilomètres au moins nous surfons littéralement entre les rafales. La vitesse augmente et l'allure se cale entre 25 et 28 km/h. L'eau nous pénètre de partout et s'arrêter ne servirait à rien sur cette longue ligne droite bordée de platane. Heureusement, la température reste clémente. Quand la tempête se calme, on se relève : derrière il n'y a plus personne, nous retrouverons Yves arrivant au moment où l'on ressort du bistrot d'Authon-la-Plaine, où le patron a ouvert spécialement ce Dimanche matin pour nous accueillir pour ce cinquième et dernier point de passage obligatoire, il est 9h00 est nous sommes au 353ème kilomètre. Le Grand noir (sans chaussure blonde) dégusté au bar est un vrai plaisir, j'en profite pour finir mon reste de sandwich au bleu !
Yves veut finir seul à son allure, cette fois nous attaquons la dernière ligne droite et les derniers cinquante kilomètres. La douche m'a requinqué, j'ai moins mal aux épaules et plus du tout aux fesses ! Va comprendre Charles ! Re-passage à Dourdan, St-Chéron, le Marais, remontée après le Bel Air, le Déluge et dernière ascension du parcours par la Folie-Bessin. C'est avec un immense plaisir que nous dévalons la descente de Villejust. Puis Saulx et retour à Longjumeau. Nous arrivons sur les talons de Marius. Il est 11h13 précisément à ma montre à « quartz ». Nous sommes accueillis par les Longjumellois avec confiture maison, bière et petits gâteaux. Nous sommes les quarantièmes à pointer sur les 114 inscrits, et nous avons mis 19h13 minutes pour parcourir ces 409 kilomètres avec 24,7 km/h de moyenne. Peuvent mieux faire, mais le constat reste positif et engageant pour la suite.
Retour à la maison, il est midi. Douche et enfin un bon repas, Michèle est un peu en colère parce que j'ai oublié de donner de mes nouvelles au petit matin ! L'orage a contrarié mes plans !
Je suis heureux d'avoir pu partager ces petits bonheurs et ces petites souffrances avec mes deux camarades. C'est encore une nouvelle expérience vélocipédique d'accomplie et je remercie Pascal de m'avoir entraîné et aidé dans cette aventure.
L'important pour moi, c'est que le physique soit là.
A très bientôt sur le vélo. Sportivement vôtre.
JPB
PS: Aurons-nous un résumé de la sortie du dimanche matin et de la semaine de Bessèges ? Je l'espère. A plus.
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